L'origine du Husky de Sibérie

En région polaire, le chien nordique a assuré la survie de l’homme comme un moyen de transport, chasseur, gardien, source de chaleur, et compagnon de lutte contre la solitude. Coureur de grand fond, adapté aux climats très froids, c’est un athlète du plus haut niveau qui, pour un poids moyen de 25 à 30 kg, est capable de parcourir près de 100 kilomètres par jour, en tirant une charge voisine de 50 kg, par des températures approchant de – 50 °C. éventuellement aggravées par le blizzard.

C’est aussi un excellent ami de l’homme, sérieux, discipliné, courageux et très intelligent dans son travail, noble et réservé, mais très fidèle et affectueux avec son maître. De plus, le Husky a encore l’avantage d’être un chien particulièrement élégant, alliant l’équilibre de la silhouette, l’expression d’une puissance tranquille, la beauté de son abondante fourrure, une tête très éveillée avec ses petites oreilles très mobiles et un regard fascinateur.

Si l’hypothèse du loup comme ancêtre du chien est parfois très contre verser, elle semble, dans le cas du Husky de Sibérie, trouver des fondements. Cet " Enroué " (traduction littérale de mot Husky) constitue en effet, parmi les chiens domestiques, le cousin le plus proche du loup, tant par sa morphologie, que par son comportement ou son hurlement. Néanmoins, il est toujours très difficile de définir très clairement l’origine exacte de telle ou telle race de chiens et notre Husky de Sibérie n’échappant pas à cette règle : son histoire est en fait intimement liée à l’évolution de peuplades qui les utilisèrent comme animaux de travail, mais aussi de chasse, qu’ils s’agissent de peuples sibériens ou esquimaux.

À l’origine, on pense que des tribus nomades du nord du Lac Baïkal et du bassin de la Rivière Kolima (Sibérie Centrale) furent les premiers à les atteler à un traîneau, ce, il y a quelques milliers d’années. Ces premiers chiens arctiques étaient et le restèrent longtemps, des chasseurs, ainsi qu’en témoignent les rares peintures rupestres dont
on dispose encore, et qui remontent à plus de 2 000 ans avant notre ère. (Vallée de Pegtymel, en Tchoukotka). Pendant des siècles, l’art de conduire des appelés Tchouktches). C’est d’ailleurs cette dernière tribu qui a " sélectionnée " et conservée la race telle que nous la connaissons actuellement

Peuple de chasseur de Rennes, les Chukchis se sédentarisèrent en optant pour des villages permanents le long des côtes de l’actuelle Mer de Béring. Occupants une des zones les plus déshéritées du continent sibérien, ils devinrent chasseurs de mammifères marins (baleines, morse, phoques…) et terrestres (ours, renard…). Aux XIX siècles, commerçants russes et américains se mirent en quête de fourrures, ce qui amènera les Chukchis à utiliser de plus en plus le traîneau à chiens, animaux moins rapide et puissant que les rennes mais beaucoup plus résistants et endurant sous ce climat côtier hyper boréal. Ce mode de vie permit la sélection de chiens spécifiquement adaptés à la traction. Malheureusement pour nous, la civilisation Chukchis n’avait, jusqu’au début de notre siècle, pas changé depuis l’âge de pierre, et nous ne pouvons disposer de ce fait d’aucune trace écrite de l’histoire du chien Chukchis. Dès lors, il faut se retourner vers des écrits de marchands ou d’explorateurs décrivant partiellement et incidemment ce petit chien nord Sibérien, qui est notre propre ancêtre.Dès 1880, on redécouvre de l’or aux environs de l’actuelle capitale de l’Etat de l’Alaska, Juneau. Il faudra attendre 1896 pour que des prospecteurs quittent ce site pour tenter leur chance dans le Klondike, une région du " Yukon Territory ".

C’est le " Gold Rush ", la ruée vers l’or du début de notre siècle, qui va s’étendre sur tout l’Alaska, déraciner
des milliers d’hommes et de femmes et inspirer Jack London de ses récits encore fascinant sur les chiens de traîneaux. Tous ces conquérants feront appels un jour ou l’autre à ces chiens pour le transport de vivres, de matériels et des hommes. À quelques kilomètres du Détroit de Béring naîtra un village de tentes en 1900. Aucun nom ne sera donné
à ce village, ce qui amènera l’Office Territorial à marquer " No Name " sur la carte à son emplacement. " No Name " deviendra à la suite d’une erreur de transcription " Nome " encore existante aujourd’hui. C’est dans cette ville minière que débute l’histoire contemporaine du Husky tel que nous le connaissons.

Ces mineurs, possédant tous des chiens de traîneaux, et ne sachant comment combler leur temps libre, eurent l’idée d’organiser une compétition qui leur permettrait de comparer les qualités de leurs meutes respectives. C’est alors, en 1908, sous l’impulsion d’Allan Scotty Allan, qu’est organisée à Nome la première grande course de traîneaux à chiens,
" l’All Alaska Sweepstakes ".Une course de 656 kilomètres allers-retours reliant Nome à Candler. Vu le succès, sa reconduction annuelle était inévitable. L’année suivante, le premier attelage de Husky de Sibérie y fit son apparition, se plaça troisième, démontrant ainsi les qualités d’endurances de la race face aux autres attelages composés de chiens d’origine et de morphologies très diverses.Il semblerait que l’Europe vit son premier Husky en 1950 en Suisse, puis en 1958 en Norvège. Ils ont été introduits en Finlande, Belgique, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Allemagne, Autriche et enfin la France entre 1965 et 1970. Ils furent reconnus officiellement comme une race en 1966 par la Fédération Cynologique Internationale (F.C.I.).